Retórica y ficción narrativa de la Ilustración a los romanticismos

Allégorie. Recepción francesa

 ALLETZ, P. A. Modèles d´éloquence ou les traits brillants des orateurs françois les plus célèbres. Paris: Chez Belin, 1805.

Alletz. 1805

[p. 37] Quand la métaphore est continuée, est une allégorie. (…)  Il faut remarquer que la métaphore est une des figures qui donne le plus de grace, de force et de noblesse au discours, et les expressions les plus exquises tirent ordinairement tout leur prix de cette figure : d´ ailleurs elle jette une grande variété dans le discours ; elle relève et ennoblit les choses les plus petites et les plus communes ; elle plaît extrêmement par l´ingénieuse hardiesse au il y a, d´aller au loin chercher des expressions étrangères à la place des naturelles qui sont sous la main. Elle fait une agréable illusion à l’esprit, en lui montrant une chose et lui en signifiant une autre : enfin elle donne du corps, pour ainsi dire, aux choses les plus spirituelles, et les fait presque toucher au doigt et à l’œil, par les images sensibles qu’elle en trace à l’imagination.


BATTEUX, Abbé. Principes de la littérature. Nouv. ed. Paris: Chez Desaint & Saillant, 1775. 5 vols.

Batteux. 1775. Vol. I.

[p. 230-231] Il y a deux sortes d’Allégorie :  l´une qu´on peut appeler Morale, & l´autre Oratoire. La première cache une vérité, une maxime : tels font les Apologues : c’est un corps qui revêt une âme : L’autre est un masque qui couvre un corps ; elle n’est point destinée à envelopper une maxime, mais seulement une chose qu´on ne veut montrer qu´à demi, ou au travers d’une gaze. Les Orateurs & les Poètes se servent de celle-ci quand ils veulent louer ou blâmer avec finesse. Ils changent les noms des choses, les lieux, les personnes, & laissent au Lecteur intelligent à lever l’enveloppe, & à s’instruire lui-même. La première espèce d´allégorie peut être mise en usage dans l´Epopée ; mais elle est, comme nous l’avons dit, peu vraisemblable & peu conforme à la nature de l’esprit humain. La seconde espèce entre avec beaucoup de grâce dans un Poème ; mais elle n’est point de son essence. C’est un mérite qui tient à l’ouvrier plutôt qu’ à l’ouvrage & qu’ on reconnait par l’Histoire, plutôt que par le Poème même.


Batteaux.  1753. Vol II

[p.81] Mais qu’est-ce que l’allégorie ? sinon un voile transparent sous lequel on cache à demi quelque chose que ce soit. S’enfuit-il qu’il n’y ait d’autre à déguiser, à envelopper qu’une maxime de morale?


BOHOURS, D.  La manière de bien penser dans les ouvrages d’esprit. Dialogues. Nouv. ed. Paris: Guillaume Desprez, 1768.

Bohours. 1768.

[p. 189] Quelquefois, poursuivit Eudoxe, une petite allégorie fait entendre finement ce que l’on pense & un seul exemple vous le fera concevoir.

[p. 190] Quelquefois aussi dans l´allégorie, ni sans fiction l´on s´explique avec délicatesse, & l´on se tire même d´un mauvais pas par un trait d´esprit.

[p. 319] Voilà ce qui s’appelle une allégorie heureuse : tout y est juste & sensé, sans que rien n’aille, au-delà des bornes. Il y  en a d’autres qui commencent bien, & finissent mal, faute d´être assez ménagées.


DU MARSAIS, C. Traité des tropes pour servir d’introduction à la rhétorique et a la logique.  Nouv. ed. publiée par M. Formey. Leipsic: Chez la veuve Garpard Fritsch, 1757.

Du Marsais. 1757

[p. 136-137] L´Allégorie a beaucoup de rapport avec la métaphore, l´allégorie n´est même qu´une métaphore continuée.

L´allégorie est un discours, qui est d´abord présenté sous un sens propre, qui paraît toute autre chose que ce qu´on a dessein de faire entendre, & qui cependant ne sert que de comparaison, pour donner l´intelligence d´un autre sens que l´on exprime point.

(…). Au lieu que dans l´allégorie tous les mots ont d´abord un sens figuré, c´est-à-dire, que tous les mots d´une phrase ou d´un discours allégorique forment d´abord un sens littéral qui n´est pas celui qu´on a dessin de faire entendre : les idées accessoires dévoilent ensuite facilement le véritable sens qu´on veut exciter dans l´esprit, elles démasquent, pour ainsi dire, le sens littéral étroit, elle en sont l´application.

Quand on a commencé une allégorie, on doit conserver dans la suite du discours, l´image dont on a emprunté les premières expressions.

[p.139] Cette allégorie est toujours soutenue par des images qui toutes ont rapport à l’image principale par où la figure a commencé : ce qui est essentiel à l´allégorie.

L´allégorie est fort en usage dans les proverbes. Les proverbes allégoriques ont d´abord un sens propre qui est vrai, mais qui n´est pas ce qu´on veut principalement faire entendre : (…)

[p. 140] Les fictions que l´on débite comme des histoires  pour en tirer quelque moralité, sont des allégories  qu´on appelle apologues, paraboles, ou fables morales .

[p. 142] Les énigmes sont aussi une espèce d´allégorie :

[p. 143] Les allusions & les jeux de mots ont encore du rapport avec l´allégorie : l´allégorie présente un sens, & en fait entendre un autre.

[ 230] Le sens allégorique si tire d´un discours, qui, à le prendre dans son sens propre, signifie toute autre chose. C´est une histoire qui est l´image d´une autre histoire, ou de quelqu´autre pensée.


GAUTIER, Th. Histoire du Romantisme. París: Charpentier et Cie, Librairie Éditeurs, 1874.

Gautier.  1874

[p.213] Les peintures murales de la salle du Trône à la Chambre des députés révèlent chez Delacroix d’admirables aptitudes décoratives. Son style s’agrandit tout à coup ; sa couleur, tout en restant chaude, intense et vivace, prit la tranquillité lumineuse de la fresque et se suspendit aux murailles comme une tapisserie riche et moelleuse. Les nécessités de l’allégorie, car il n’est guère possible de placer des scènes de la vie réelle dans les plafonds, les coupoles, les pendentifs et les tympans, le forcèrent d’aborder le nu et la draperie, et il s’en tira à merveille. Il entendit l’antique comme Shakespeare.


HUET, P. Traité de l’origine des romans. Paris: Chez N.L. Desessarts, 1798

Huet. 1798

[p. 87] De sorte que c´est une allégorie continuelle, qui ne mérite pas proprement le nom de roman, mais plutôt de fable : car comme je l´ai déjà remarqué, la fable représente des choses qui n´ont point été et n´ont pu être ; et le Roman représente des choses qui ont pu être, mais qui n´ont point été.


LAMY, BLa Rhétorique ou l’art de parler. 6ª ed. La Haye: Chez Pierre Paupie, 1737

Lamy. 1737

[p.122] L´Allégorie se fait lorsqu´en parlant on semble dire toute autre chose que ce que l´on dit en effet, comme l´étymologie de ce mot le marque. C´est une continuation de plusieurs métaphores (…)

Prenez garde que dans l´Allégorie il faut finir comme l´on a commencé, & prendre toutes les Métaphores des mêmes choses dont on a emprunté les premières expressions. (…)

[p.123] Quand les Allégories sont obscures, & qu´on n´aperçoit pas d´abord le sens naturel des paroles de l´Auteur, elles peuvent être appelés Enigmes, (…)


MAURY, J. S. Essai sur l’éloquence de la chaire. Nouv. ed Paris: Belin-Mandar et Devaux Libraires, 1827.

Maury. 1827, Tome III

[p. 402-403] Ce projet si bien conçu pour éclairer leur raison naissante fut encore mieux exécuté. Les leçons les plus lumineuses et les plus sages se cachèrent sous le voile d’un badinage agréable, d’un dialogue dramatique, d’une allégorie ingénieuse et elles prirent successivement pour l´enfance, sous la plume du sous-précepteur, les formes variées et piquantes d’une gazette critique, d´une fable, d´un conte, d´un problème historique ou moral.


Encyclopédie Méthodique. Grammaire et littérature. Paris: Chez Panckoucke Libraire, 1782. 3 Vols.

Encyclopédie méthodique. 1782. T. I

[p. 119-120] II y a trois choses à examiner sur l´Allégorie : iº. en quoi elle consiste : 2º. quelle est la juste correspondance dans le système général de la Grammaire ; 3º. quelle est son origine & quels sont ses usages.

  1. En quoi consiste l´Allégorie : L´Allégorie est un discours qui présente d’abord un sens littéral, autre que celui qu’on a dessein de faire entendre, mais dont on découvre aisément l´intention par le secours des idées accessoires & des circonstances. Cette première notion, conforme à la vérité, est assez heureusement caractérisée par le nom même : Allégorie vient de (autre, différent), & de (discours) ; à la lettre, Discours qui en fait entendre un autre.

Cette figure consiste à substituer, au véritable objet dont on veut parler, un autre objet différent mais semblable au moins à plusieurs égards : & à régler ensuite toutes les expressions du discours relativement à cet objet fictif, comme s’il ne s´agissait point de l’objet principal qu’il représente en vertu d’une similitude tacite.

[p. 123]  L’allégorie, disent les maîtres, est une gaze légère qui enveloppe l´objet dont on parle sans le dérober entièrement aux yeux ; c’est une glace transparente, à travers laquelle on aperçoit aisément l´objet dont il s’agit ; c’est un déguisement, dont l´élégante laisse encore distinguer la taille, la démarche, le maintien, les grâces & deviner même la personne.

[p. 126] Allégorie est donc un moyen, imaginé depuis longtemps & dont on se sert souvent avec succès, pour faire passer une instruction, qui aurait pu être rejetée ou entendue sans bruit, si elle s’était présentée nûment & sans précaution.

[p.127-128] Allégorie, Belles lettres. On n’a pas assez distingué l´Allégorie d´avec l’Apologue ou la fable morale.

Le mérite de l´Allégorie est de n’avoir pas besoin d’expliquer la vérité qu´elle enveloppe : elle la fait sentir à chaque trait par la justesse de ses rapports.

Allégorie, avec moins de finesse, se propose, non pas de déguiser, mais d’embellir la vérité & de la rendre plus sensible.

L’Allégorie est quelquefois aussi une façon de présenter avec ménagement une vérité qui offenserait si on l´exposait foute nue ; mais elle la déguise moins.

Encyclopédie méthodique. 1784. T. II

Parabole, Allégorie (Synonymes).

 [p. 749] La Parabole est une espèce particulière d´Allégorie : mais si l’on envisage ces deux termes comme synonymes, la simple Allégorie ne doit plus s´entendre dans le sens générique ; c’est une espèce particulière. Les deux espèces, conformément à leur nature commune, offrent d’abord un sens littéral, autre que celui qu’ on a dessein de faire entendre, mais qui se découvre ensuite aisément par le secours des idées accessoires, des circonstances, & de l’analogie.

La Parabole présente, sous ses véritables couleurs, un fait réel ou imaginaire, dont l’analogie, avec celui qu’on envisage effectivement est assez palpable pour en réveiller l’idée. L’Allégorie au contraire présente directement le fait qu’elle envisage, mais sous le déguisement de couleurs empruntées & propres à d’autres faits analogues au premier.

Substituez dans la Parabole le véritable fait à celui qu´elle expose, vous changerez le fonds du discours : substituez dans l´Allégorie les véritables couleurs à celles qu´elle emprunte, vous ne changerez que la forme.

II me semble que la Parabole a pour objet les maximes de Morale ; & l´Allégorie, les faits d’Histoire.  L´une & l´autre ont une espèce de voile qu´on peut rendre plus ou moins transparent, & dont on se sert pour couvrir le sens principal, en ne le présentant que sou l’apparence d’un autre. Ce déguisement se fait, dans la Parabole par la substitution d’un autre sujet, peint avec des couleurs convenables à celui qu´on a en vûe : il s’exécute dans l’Allégorie, en introduisant des personnages étrangers & arbitraires au lieu des véritables, ou en changeant le fonds réel de la description en quelque chose d’imaginé.

Encyclopédie méthodique. 1786. T. III.

[p. 656] A l’égard de l’Allégorie comme elle n’est pas donnée pour une vérité absolue & positive, mais pour le symbole & le voile de la vérité, si elle est claire, ingénieuse, & décente, elle est parfaite ; mais il faut avoir soin qu´elle s’accorde avec le système que l’on a pris.