Retórica y ficción narrativa de la Ilustración a los romanticismos

Interpretatio. Definición francés

GREIMAS, A. J. ; Joseph COURTÉS.  Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage. Paris: Classiques Hachette, 1979.

Interprétation

[pp. 192-193] 1. Le concept d´interprétation est employé en sémiotique dans deux sens très différents, qui dépendent des postulats de base auxquels se réfère, implicitement ou explicitement, la théorie sémiotique dans son ensemble et, plus spécialement, de l´idée qu’on se fait de la forme sémiotique.

2. Selon la conception classique qui oppose la forme au contenu (au « fond ») – qui est également celle de la métalogique des Écoles polonaise et viennoise de logique -, tout système de signes peut être décrit de manière formelle*, abstraction faite du contenu et indépendamment des « interprétations » possibles de ces signes. En traduisant ce point de vue épistémologique dans la terminologie hjelmlévienne, on dira que tout « système de signes » (et, par conséquent, toute langue naturelle) est considéré comme un « système d’expression», susceptible de recevoir toutefois, dans une démarche seconde, une interprétation sémantique. Tel est, en gros, le sens que donne à ce terme la grammaire générative.

3. La tradition épistémologique à laquelle se réfère la linguistique saussurienne – et, dans d´autres domaines, la phénomélogie de Husserl et la théorie psychanalytique de Freud – est tout autre : elle veut qu´un signe soit défini d´abord par sa signification etc, de façon plus générale, postule que els formes sémiotiques sont des formes signifiantes. Dans cette perspective, l´interprétation n´est plus le fait d´attribuer un contenu à une forme qui en serait dépourvue, mais la paraphrase formulant d´une autre manière le contenu équivalent d´une  unité signifiante à l´intérieur d´une sémiotique donnée, ou la traduction d´une unité signifiante d´une sémiotique dans une autre : ce qui correspond, par exemple, à l´interprétation à l´interprétant dans la théorie du signe, proposée par Ch. S. Pierce.

4. Pour la grammaire générative, les transformations qui aboutissent à la manifestation des formes de base, en tant que structures de surface, sont des règles purement formelles et n’entraînent pas de modifications de contenu (ou n´introduisent, tout au plus, que des variations stylistiques) : ce qui, du point de vue saussurien, selon lequel tout changement dans le plan de l´expression entraîne un changement sur le plan du contenu, est discutable. C´est par conséquent aux structures profondes, qui contiennent toute l’information nécessaire (au moins dans la théorie standard), que doit être « accrochée »  l’interprétation sémantique, comme, parallèlement, sera rattachée aux structures de surface l´interprétation phonétique (avec les traits phonologiques et phonétique). La sémantique interprétative aura donc pour tâche d´élaborer les règles qui assignent une interprétation sémantique aux structures profondes,  de caractère syntaxique, c´est-à-dire dépourvues de signification. Ces règles ne peuvent que reposer sur les concepts épistémologiques de grammaticalité+ et d´acceptabilité, déjà fortement éprouvés, et les procédures proposées (par Katz et Fodor, par exemple) montrent l´impréparation de la grammaire générative à traiter les problèmes de sémantique générative, qui postule le caractère logico-sémantique des formes de base, fait l´économie du concept d’interprétation.

5. Selon Hjelmslev, le problème de l´interprétation n´est pas pertinent pour la théorie sémiotique. La distinction qu´il établit entre le schéma (ou la structure) et l´usage (son investissement dans une substance quelconque) lui permet de dire qu´aucun système sémiotique n´est, en principe, interprété et qu´au contraire, tous les systèmes sont interprétables. Le sens d´interprétation rejoint ici celui qu´on lui donne dans des sémiotiques dites « esthétiques » (l´interprétation d´une œuvre musicale ou d´une pièce de  théâtre, par exemple) et qui peut se définir comme le fait se sélectionner et d´attribuer un usage à une forme sémiotique.

6. Le concept d´interprétation n´étant pas pertinent pour les sémiotiques dotées d´un plan d´expression et d´un plan de contenu, Hjelmslev est amené à s´interroger sur la nature de ce qu´il appelle des « non-langages » ou des « systèmes de symboles » (l´algèbre, le jeu d´échecs, mais aussi la syntaxe formelle, telle celle des générativistes) : tout en étant interprétables comme les autres systèmes sémiotiques, ces systèmes sont caractérisés par le fait que les  deux plans d´expression et de contenu sont conformes, comportant des articulations à la fois isomorphes et isotopes (les unités possédant les mêmes dimensions syntagmatiques). Autrement dit, l´interprétation sémantique qui en sera donnée, reproduira les mêmes articulations et pourra être représentée selon les mêmes règles que la forme interprétée. C´est là, on le voit, une définition possible, du point de vue sémiotique, des langages formels.


GORP, Hendrik van. et al. Dictionnaire des termes littéraires. Paris: Champion Classiques. H. Champion. 2005.

Gorp et al., 2005

 Interpretation
 [p. 255]  Interpretation (lat.interpretari = edxpliquer, prendre dans tel ou tel sens).
1. En général : sorte de paraphrase à caractère explicatif ou traduction conceptuelle d´un texte (v. aussi imitation). Par extension, manière dont une œuvre dramatique, musicale, chorégraphique, est exécutée par des interprètes (rhapsodes, acteurs, virtuoses, chef d’orchestre, danseurs, chorégraphes, metteurs en scène et même traducteurs) : toute exécution comporte en effet des accents propres.

2. En critique littéraire traditionnelle, le terme s´applique à l´analyse d´un texte qui restitue et noue ensemble ses différentes propriétés formelles et cognitives (idées et intentions). Cette analyse peut délibérément se limiter au texte pris en lui-même ou rapporter ce dernier à son contexte historique (le milieu de l´auteur, le genre, les circonstances de la genèse). Chacune des deux options a donné naissance à des courants critiques doués de méthodes spécifiques, dont la variation historique n´est pas sans rappeler en retour une problématique commune. Par ailleurs, l´analyse et surtout le décryptage d´un texte littéraire postulent autant l´existence d´une certaine autonomie propre à toute œuvre d´art qu´une capacité d´appréhension de la part du lecteur ou du critique, et notamment de l´intuition ou Einfühjung.

3. La nature dialogique de l´acte d´interprétation est l´un des premiers objets des études de réception. Celles-ci conçoivent le texte comme une structure ouverte qui ne prend sens qu`à sa rencontre avec un lecteur (critique). L´idée de rencontre ou d´interaction s´inscrit en faux contre l´outrecuidance historiciste qui croit atteindre la « vérité » du texte, mais elle rend toute interprétation fragile, étant donné que la lecture demeure une concrétisation éphémère d´un texte. Or, toutes les concrétisations ne peuvent se prévaloir d´être des interprétations : une première prise de contact avec un texte est nommée réception ; souvent imparfaite, partielle ou partiale, elle peut ignorer la teneur du texte, voire se rapprocher, en cas d´une lecture à usage personnel, d´une stratégie d’accaparement (Hineinterpretierung),

            À l´opposé, la notion d´interprétation est réservée aux lectures qui mse réclament d’une démarche scientifique ; elle constitue ce que H. Link appelle une « réalisation » ou «interprétation adéquate » d´un texte. Au sens large, celle-ci désigne toute analyse d´une ou de plusieurs structures textuelles; chacune de ces lectures partielles peut être subsumée dans une concrétisation synthétique. Une telle démarche appartient aux lecteurs professionnels. Au sens étroit, l´interprétation adéquate réalise entièrement l´intention auctoriale; elle relève d´un type idéal qu´on n´est guère en mesure d´atteindre. V. aussi déconstruction, herméneutique, interprétation biblique